commoning & concrete

These pages accompany Elona’s doctoral thesis at the University of Brighton Centre for Spatial, Environmental and Cultural Politics, started in October 2016 and successfully defended on 19 August 2020.

Cultivating Relational Worlds in Concrete Environments: Learning with commoning projects in Paris and London.

Tisser des relations éthiques dans des univers de béton : apprendre avec des projets de ‘commoning’ à Paris et Londres.

Below is the abstract for the thesis et le résumé en français. The website also hosts creative practices developed with this project, include sound compositions (in the form of a soundtrack) and poetic samples.

Thank you to Juanchila for dedicating this matéman to the project and the many people and things that have been part of the journey!

matéman, habemus thesis: a requiem to miasma Juanchila, 2020.06.26

Abstract

This research stems from a concern about how to respond to the dramatic impacts of dominant technological, economic, and productive systems on the planet and those bodies that inhabit it. More precisely, it asks how we might cultivate ethical and emancipatory modes of existence in hard places, in Western European cities, contexts where the uneven effects of capitalism, neoliberalism and colonialism are created and sustained. I call these contexts concrete environments.

The thesis shares insights learned with alternative urban projects that work with ideas of the common(s) as guides to experimenting with practices that welcome otherness and difference while challenging structures and relations of exploitation. Such projects are increasingly referred to as sites of “commoning”, shifting attention from the notion of the commons as resources to manage, to commoning as a set of entangled more than human practices. Commoning also nurtures an awareness of politics and power in collective practices, in ways that differ from nation-state derived ideas of the public and are grounded in international solidarity and place-based initiatives.

The commoning projects I have been learning with are Les Grands Voisins in Paris and The Common House in London, two sites that have different characteristics and sizes but where people are interested in exploring ways of existing otherwise, of redefining and departing from normative imaginaries of a “good life”. Les Grands Voisins is a large temporary project set up on the site of an old hospital, while The Common House is run out of a small flat by a range of non-partisan radical left groups. With both sites, my research involved sensing and attending to a range of material relations with people, spaces, objects, animals, (infra)structures, atmospheres, expectations, attachments … This enabled me to study collective affective experiences, and particularly those that might be generative in cultivating ethical relations with otherness in the troubling contexts of concrete environments. In doing so, this thesis contributes to and extends research on commoning by examining the affective qualities of commoning practices and their political and ethical dimensions.

Attending to affective conditions in my fieldwork led me to hear the echoes of three troubling affective experiences: discomfort, urgency, and ineffable affects. My analysis involves exploring these affects and how practicing them might cultivate ethical relations.

Discomfort echoes. I show how discomfort, when felt as collective affective resonances, accentuates the power and politics entangled in commoning projects and identify practices that can make discomfort generative. Such practices involve challenging feelings of sovereignty and ownership, acknowledging the role of material assemblages, the existence of otherness, the awkwardness of uneven power relations, and the constant work of questioning worldviews while also clarifying certainties.

Urgency echoes. Urgency, felt as affective atmospheres, involves attending to temporalities that are not only about immediacy, speed, or futurity. It can be reclaimed with collective practices that bring the urgency of bodies into contact with larger-scale urgencies, such as climate change. Such practices draw on the intensity of intervals while being temporally grounded in more than human rhythms that exceed the ‘now’ of social projects. Reclaiming urgency involves recognising it as an ethical affect rather than only a regime of control.

Enchantment isn’t cool. I show how poetic commoning practices, resulting from disconnection and dispossession, can offer a way of materialising spirit-full and non-instrumentalist relations, tethering potentially volatile affects into the crummy, messy, contradictory, uncomfortable, urgent, imperfect… experiences of European metropoles. 

The thesis offers a way to embrace, reclaim and invite troubling affective experiences as collective practices. In doing so, it also untangles the implicit ethos of commoning and offers ways of cultivating critical relational ethics in concrete environments.

Résumé

Ce projet de recherche est né de questionnements sur comment répondre à l’impact dramatique des systèmes technologiques, économiques et productifs dominants sur la planète et sur les corps qui l’habitent. Plus précisément, il s’interroge sur les possibilités de cultiver des manières d’exister qui soient éthiques et émancipatoires dans des environnements urbains d’Europe de l’Ouest, environnements coriaces et durs où les effets irréguliers du capitalisme, du néolibéralisme et du colonialisme se développent et perdurent. J’appellerai ces environnements des « univers de béton ».

Cette thèse présente des perspectives mûries avec des projets urbains alternatifs de « commoning ». Ces projets explorent les idées de « communs » et du « commun »pour expérimenter avec des pratiques ouvertes à l’altérité et à la différence, qui remettent en question les structures et les relations d’exploitation. Venant plutôt du contexte anglo-saxon, terme indique des pratiques qui visent à passer d’une approche des communs comme sites à gérer au commoming, conçu comme un ensemble de pratiques humaines et matérielles qui créent le commun. Ces pratiques de « fabrique du commun » sensibilisent aussi aux politiques et aux rapports de pouvoir au sein des pratiques collectives, d’une manière distincte à la notion de public provenant de l’état-nation, et qui sont ancrées dans les relations de solidarité internationales et dans l’espace urbain.

Les projets de commoning avec lesquels j’ai travaillé pour cette thèse sont Les Grands Voisins à Paris et The Common House à Londres. Cesdeux sites ont des caractéristiques et des tailles différentes mais les personnes impliquées s’intéressent dans les deux cas à d’autres modes d’existence, et réfléchissent à comment rompre avec et redéfinir les imaginaires normatifs de succès et bonheur. Les Grands Voisins est un grand projet temporaire situé sur l’ancien site d’un hôpital, alors que The Common House est organisé dans un petit studio par divers groupes non partisans de la gauche radicale. Ces deux projets m’ont permis de développer des méthodes pour affiner ma sensibilité et mon attention envers tout un ensemble de relations matérielles, avec des personnes, des espaces, des objets, des animaux, des (infra)structures, des atmosphères, des attentes, des attachements … J’ai ainsi pu analyser les expériences affectives collectives, notamment celles qui pourraient favoriser le développement de relations éthiques à l’altérité dans les contextes préoccupants des univers de béton. De cette façon, cette thèse poursuit et développe les recherches existantes sur le commoning en examinant les caractéristiques affectives des pratiques collectives urbaines, ainsi que leurs dimensions politiques et éthiques.

M’intéresser aux affects collectifs lors de ma recherche m’a amenée à entendre les échos de trois expériences affectives troublantes : l’inconfort, l’urgence et les affects ineffables. Mon analyse explore ces trois affects et comment, en les pratiquant, ils peuvent nourrir des relations éthiques.

Échos de l’inconfort. Je montre comment l’inconfort et la gêne, ressentis comme résonnances affectives collectives, font ressortir les questions de pouvoir et de politique liées aux projets de commoning, et j’identifie des pratiques qui peuvent transformer l’inconfort en un élément constructif. Ces pratiques visent à remettre en question les relations de souveraineté et de propriété, ainsi qu’à reconnaitre le rôle d’assemblages matériaux, l’existence de l’altérité, le malaise généré par les déséquilibres de pouvoir, et le travail constant de la remise en question de visions du monde tout en précisant ces certitudes.

Échos de l’urgence. L’urgence, ressentie dans les atmosphères affectives des projets, mène à se pencher sur la notion de temporalité, sans la réduire à des questions d’immédiateté, de vitesse ou de rapports au futur. On peut se réapproprier l’urgence au sein de pratiques collectives qui établissent une connexion entre l’urgence des corps et l’urgence de situations à plus grande échelle, telle que la crise climatique. Ces atmosphères puisent dans l’intensité des intervalles d’action tout en restant temporairement ancrés dans des rythmes qui excèdent le « maintenant » du projet. Se réapproprier l’urgence permet de la reconnaître comme un affect qui a un potentiel éthique et non seulement comme un moyen de contrôle.

L’enchantement n’a rien de merveilleux. Je montre comment les pratiques poétiques du commoning, qui résultent de la déconnexion et de la dépossession, peuvent aider à donner corps à des relations inexprimables, qui ne sont pas définies par leur objet ni par leur utilité, tout en ancrant ces affects volatiles dans les expériences misérables, chaotiques, contradictoires, pénibles,  imparfaites, tributaire de l’urgence… des métropoles européennes.

Cette thèse propose des voies possibles pour accueillir, se réapproprier et encourager, au travers de pratiques collectives, des expériences affectives souvent vécues comme négatives dans les contextes contemporains. Ce faisant, elle dénoue l’éthos implicitement associée aux pratiques de « fabrique du commun »,et présente des fils nouveaux pour tisser des relations éthiques dans les univers de béton.


mateman . Dr Badger . 2020.8.19
matéman, dr badger Juanchila, 2020.08.19